La sortie du confinement vue par une petite souris

AVANT je confinais chez vous !
Je suis une souris. Une petite souris des villes. Une petite souris couverte de poils de couleur grise pour ne pas attirer le regard. Mes petites dents qui poussent sans arrêt m’obligent à ronger régulièrement tous les obstacles sur ma route. Je me faufile discrètement sur les petits chemins que je crée. Je me nourris facilement des nombreux minuscules déchets abandonnés par les hommes.
vos DÉCHETS faisaient mon bonheur
Vivre même caché dans leurs grands immeubles présente de nombreux avantages. La température est agréable même en hiver et le local à poubelle est paradisiaque. Je connais le chemin par cœur et je suis capable de m’y diriger en fermant les yeux rien qu’à l’odeur. Chaque appartement offre des intérêts différents selon ce que l’on recherche. Du fromage, des restes de plats cuisinés, des miettes de pain, des morceaux de petits gâteux, Un restaurant étoilé sur plusieurs étages ouvert en permanence. Quelques armoires offrent des lieux confortables pour une petite sieste. La journée, quand les hommes vaquent à leurs occupations, je visite tranquillement mon territoire. Les chats bien nourris me regardent passer d’un œil ennuyé. Les petits toutous d’appartement ne valent pas mieux que des peluches avec les aboiements en plus et les puces quelques fois.


VOUS LES HUMAINS VOUS VOUS CONFINEZ
Pourtant quelque chose a changé, les hommes ne bougent plus de leurs appartements. Ils restent enfermés dans leurs boîtes rectangulaires à tourner en rond. Certains sont devenus des maniaques de la propreté. Ils traquent les moindres petites miettes de bouffe et en plus ils utilisent des produits désinfectants. Ils font du bruit, beaucoup de bruit. Ils parlent, ils crient, ils s’énervent, ils se tapent dessus. Ils bougent beaucoup plus aussi.

VOUS REDONNEZ UN SOUFFLE A LA NATURE
Ils me stressent, j’hésite à faire mes visites quotidiennes. Les hommes sentent la peur. L’angoisse d’être terrassé par un virus les tétanise. Moi il a peu de chance que je meure de vieillesse. Les tapettes, les boulettes bourrées de produits chimiques, les portes qui claquent, auront ma peau d’une manière ou d’une autre. Je devrais commencer à explorer l’extérieur des immeubles. Il parait que dehors le monde est plus calme. L’air est moins pollué, le ciel est plus bleu, la nature est plus belle depuis que les hommes sont confinés.
